42: La question de la vie de l'univers et du reste, en moins de 7,5 millions d'années
4. Conscience humaine
Saisir la nature de la conscience est une gageure. Pourtant, ce n’est pas faute d’en côtoyer au quotidien, la nôtre en particulier. Mais qu’est-ce qui la définit et qu’est-ce qui la rend tangible ? En quoi est-elle liée à notre individualité et à ce que nous sommes ? Malheureusement, la conscience d’un autre restera éternellement une subjectivité vue de l’extérieur ; il n’est pas possible d’interchanger les points de vue. Nous pouvons au mieux réaliser des projections d’autrui sur nous-même, en supposant que les déformations qui en résultent demeurent légères. Cela limite toutefois notre possibilité d’en étudier le principe. Aussi, à défaut de statuer sur ce qui définit la conscience, ce chapitre tente de décrire ce qu’elle n’est pas, au moyen de diverses expériences de pensée mettant ce concept à rude épreuve.
Une question de perspective
Le chapitre précédent mettant Nono en scène ne servait que de préliminaires. Employer un robot offre l’avantage de plus de souplesse dans le raisonnement, tout en évitant certains biais cognitifs. Quand j’ai commencé à réfléchir au problème de la conscience, j’ai employé l’idée d’un être artificiel comme tremplin pour atteindre mon vrai but : la conscience de l’être humain. Cette manière de procéder m’a semblé logique une fois que j’eus pris conscience qu’une structure cérébrale n’avait pas besoin d’âme pour fonctionner, l’organisation complexe de ses neurones se suffisant à elle-même. Le parallélisme avec des robots devenait alors flagrant, dans la mesure où nous nous réduisons en fin de compte à de formidables machines biologiques.
Cependant, les questions entrant dans la catégorie « qu’est-ce qui fait que je suis moi ? » se révèlent terriblement intrigantes. Ce qui me frappe vraiment d’étonnement n’est pas tant qu’une entité comme un être humain soit doté d’une conscience. J’arrive véritablement à voir n’importe qui comme une machine dont l’exécution ne découle finalement que des lois de la physique. Une machine dont la conscience résulte de l’intériorisation de concepts extrêmement évolués au sein du formidable dispositif à penser que constitue le cerveau. Et cette idée ne se veut pas péjorative, dans la mesure où je m’inclus pleinement dans ce lot d’automates biologiques. Non, ce qui me perturbe vraiment n’est pas tant la conscience des autres mais plutôt la mienne.
La nature de ma propre conscience me paraît aussi absconse que l’existence de l’univers débattue au premier chapitre. Que l’univers existe dépasse l’entendement. Mais une fois cet écueil logique passé, l’essence même de la conscience, vue de l’intérieur, constitue une notion tout aussi extravagante et troublante. Encore une fois, celle des autres se comprend encore assez bien en les considérant comme des « machines » très évoluées. Il paraît alors normal que de telles entités puissent se poser des questions et raisonner. Je ne pense d’ailleurs pas que quiconque soit choqué devant les facultés hautement élaborées des différents droïdes dans la série de films « la guerre des étoiles ». Tout tiendrait donc presque la route si je n’existais pas. Mais j’existe ! Et cette existence me donne l’impression d’être sorti du néant de façon tout aussi saugrenue que l’univers qui m’a précédé. Il ne s’agit même pas d’un problème lié à l’âme ou au libre arbitre. Ces notions n’apportent rien d’indispensable pour expliquer la conscience, et j’arrive dans une certaine mesure à me convaincre que je regarde peut-être le film de ma vie, sans que je sois doté de l’une ou de l’autre. Le problème se borne pour moi à me demander : « pourquoi suis-je le spectateur de cet humain-là ? », tout en sachant paradoxalement que le « je » est indissociable, inextricablement lié à cet humain-là [18]Je recommande vivement la lecture du livre « Je suis une boucle étrange » qui se consacre entièrement à mettre le doigt sur ce fameux et insaisissable « je ». .
Tout comme pour ce qui a été réalisé avec Nono dans le chapitre précédent, il est possible d’imaginer toutes sortes d’expériences de pensées permettant, à défaut de le comprendre, de mieux cerner le problème de la conscience. C’est ce que nous allons découvrir dans ce qui suit au travers de petits scénarios nous permettant de pousser à l’extrême les conditions auxquelles nous pourrions confronter notre identité personnelle [19]Ces idées ont entre autres été largement développées dans le livre « Reasons and Persons » du philosophe Derek Parfit. Ce dernier pousse très loin l’analyse de l’identité personnelle, entre autres sujets. L’identité personnelle y est définie comme la perception de soi, l’existence indivisible et continue de ce quelque chose que l’on nomme « je ». .
Téléportation amusante
La base de ces expériences de pensée repose sur l’histoire suivante. Imaginons que nous ayons inventé une façon ultra pratique de se déplacer afin d’éviter les embouteillages le matin, ou pour parcourir de grandes distances très rapidement. L’idée exalte la simplicité, même si les détails techniques peuvent engendrer quelques menues complexités. Le principe se base sur le constat que notre matière corporelle est universelle. Un atome de carbone sur Pluton est le même que les atomes de carbone dont vous êtes constitués, ici sur Terre. L’identité individuelle des atomes entrant dans la composition d’un être humain n’a ainsi aucune importance. L’essentiel se résume à ce que tous les atomes de carbone et consœurs se trouvent là où ils doivent être, mais en remplacer une poignée par une autre en provenance de Pluton ne changera rien à votre identité. Il est d’ailleurs établi qu’au bout de quinze années environ, tous les atomes entrant dans la composition d’un être humain ont été entièrement recyclés. La matière qui vous définit aujourd’hui diffère complètement de celle dont vous étiez constitué auparavant, sans que cette évolution vous pose aucun problème de conscience. Votre identité émane en fin de compte de l’arrangement unique et très particulier de tous ces atomes, pas de leur provenance.
Convoyer de la matière peut paraître bien lent par rapport au transfert de l’information qui, elle, peut voyager à la vitesse de la lumière. Dès lors, il pourrait sembler plus pertinent et pratique de vous déplacer en envoyant les données décrivant votre assemblage atomique, plutôt que d’expédier tous les atomes correspondants. C’est le principe de téléportation utilisé dans cette histoire. Un téléporteur est composé d’un numériseur ultra sophistiqué pouvant identifier précisément tous les atomes dont un objet est formé, ainsi que les liaisons chimiques qu’ils entretiennent entre eux. L’autre partie du téléporteur est constitué d’un réplicateur capable d’imprimer un objet à l’atome prêt, sur base d’un plan fourni par un numériseur. La concrétisation de cette idée élégante et simple ne relève finalement que du détail d’implémentation !
Ces téléporteurs fonctionnent merveilleusement bien. Cela fait plus de dix ans que de nombreuses personnes l’utilisent quotidiennement et aucun incident n’a été déploré. Personne n’a jamais pu constater la moindre anomalie chez quiconque employant cette technologie ni aucune autre atrocité comme on peut en trouver dans le film « La mouche ». Pourtant, Pierre se montre hésitant avant de se servir d’un tel téléporteur aujourd’hui. Même s’il a déjà vu ses collègues réaliser la manipulation des centaines de fois depuis que cette machine a été installée dans l’entreprise où il travaille, pour lui, c’est une grande première. La procédure lui a bien été expliquée. Après avoir appuyé sur le gros bouton rouge de mise en route, la machine scannera son corps et enverra l’information vers le réplicateur. Ce dernier reconstituera alors son corps pendant que celui dans le numériseur sera désassemblé. Il expérimentera une brève perte de conscience, avant de se réveiller dans le réplicateur de sa destination. Mais Pierre est quand même pris d’un doute. Il ne remet pas en cause la technologie, non, il sait bien qu’elle fonctionne. Il se demande plutôt s’il sera toujours bien lui-même. Après quelques longues secondes d’hésitation, Pierre appuie finalement sur le bouton et… ça marche ! Il reprend connaissance, tout épaté, à l’autre bout du pays. Incroyable, et dire qu’il n’en avait pas dormi de la nuit. Un élancement de douleur dans sa molaire lui rappelle tout de même que sa carie a elle aussi été téléportée et qu’il ne doit pas oublier d’aller à son rendez-vous chez le dentiste. Pierre se surprend à penser en rigolant que cette technologie pourrait encore être améliorée pour soigner les petits bobos au passage.
Pierre ne compte plus le nombre de fois où il s’est téléporté à présent. Au début, l’excitation lui faisait tenir un historique mental de tous ses déplacements, un peu comme pour ses premiers voyages en avion. Mais avec le temps, ce besoin s’est estompé et la chronologie a sombré dans l’oubli. Il est par contre pleinement satisfait du gain de temps incroyable que la téléportation lui a économisé au quotidien. Fini les heures de bouchons sur la route le matin. Il lui suffit de se rendre au centre de téléportation près de chez lui pour arriver directement au travail.
Mais aujourd’hui, quelque chose ne va pas. Pierre a bien appuyé sur le bouton rouge de téléportation après être rentré dans le numériseur, mais celui-ci ne semble pas avoir fonctionné. Pierre n’est pas tombé inconscient comme à l’accoutumée. Il est juste resté bêtement planté là dans la machine, sans que rien se passe.
C’est alors que la porte de la cabine s’ouvre et qu’un superviseur confus lui demande de le suivre. Après lui avoir demandé de s’asseoir dans son bureau, ce dernier lui explique que le numériseur a en fait bien fonctionné et que le réplicateur a bien reçu toute l’information lui permettant de reconstituer un nouveau Pierre à son travail. Le problème est venu du désassembleur qui ne s’est pas mis en route et qui n’a donc pas détruit son corps dans la foulée. Mais que cela ne tienne, il lui certifie que son double ne souffre d’aucune anomalie et pourra poursuivre son existence normalement. Il lui assure aussi que l’incident ne lui sera pas communiqué afin de ne pas le perturber. Pour le nouveau Pierre, tout s’est passé comme d’habitude et il est d’ailleurs sûrement déjà en train de saluer ses collègues à la machine à café. Et maintenant que le désassembleur a été révisé et se trouve de nouveau opérationnel, il lui demande de retourner dans la cabine pour poursuivre la dernière étape du processus : la destruction de l’original.
Pierre se liquéfie sur place. Il n’avait jamais vu le problème sous cet angle. Cela lui fait une belle jambe que son double continue sa propre existence comme si de rien n’était. Si on le désassemble, là, maintenant, pour lui cela reviendrait à mourir. Il n’en était pas question ! Devant son refus d’obtempérer, le superviseur fut bien obligé d’appeler le service de sécurité. Il ne pouvait y avoir qu’un seul Pierre et celui-ci était de trop, d’autant plus qu’il semblait complètement traumatisé et donc inapte à continuer à être un bon client du service de téléportation. Sans compter toute la mauvaise publicité que cette histoire pourrait engendrer ! Refusant de se soumettre, Pierre fut alors traîné de force dans la cabine, gesticulant et hurlant autant qu’il le pouvait. Il martelait encore de ses poings les parois de la machine quand le désassembleur reprit vie pour renvoyer Pierre n° 539 dans le néant.
Continuité physique
Le problème que soulève cette histoire concerne la nature de l’identité personnelle. Le début laisse à penser que cette identité, en tant que sujet de l’expérience, est conservée durant la téléportation. Dès lors, presser le bouton rouge ne reviendrait pas à mourir puisque la continuité du sujet serait assurée par la copie qualitativement identique de l’individu. Mais la fin de l’histoire se veut plus terrifiante. À partir du moment où l’original et son clone existent simultanément, il n’est plus possible de penser qu’il y ait une quelconque continuité dans la perception de l’expérience. Le sujet original semble bel et bien voué à mourir, de son point de vue. Rétrospectivement, nous pourrions aussi envisager que tous les Pierre, du numéro 1 au numéro 539, sont tous morts en faisant usage de la téléportation.
Il est quand même important de remarquer que, conceptuellement, le petit dérapage vécu par Pierre n° 539 apparaît anecdotique. Il n’aura survécu que, disons, une demi-heure de plus que prévu. Ce petit sursis ne représente pas grand-chose par rapport à toute son existence. Cela aurait-il changé quelque chose s’il avait survécu cinq minutes de plus, ou une minute, ou une seconde ? Ce qui semble affreux se résume finalement à la manière dont les choses lui ont été présentées, laissant suggérer qu’appuyer sur le bouton n’était peut-être pas si anodin que ça. Il aurait été plus humain de lui mentir en lui expliquant que la téléportation n’avait pas fonctionné et qu’il devait juste retourner dans la machine pour une deuxième tentative.
Pouvons-nous en conclure que la continuité physique constitue la condition indispensable à la survie de notre identité ? Est-ce parce que Pierre n° 540 est composé de matière différente qu’il ne se trouverait pas dans la continuité de Pierre n° 539 ? Tout comme pour la conscience de Nono, le questionnement s’annonce ardu et les apparences se révèlent trompeuses. La réflexion va se baser ici encore sur ce qui se passe lorsque les abstractions sont poussées dans leurs derniers retranchements. Le problème provient du constat que l’existence de notre identité, en tant que sujet, répond à une logique binaire. Nous pouvons légitimement nous demander si nous allons mourir en appuyant sur le bouton du téléporteur, mais cette question n’admet qu’une réponse en noir et blanc. Il semble difficilement concevable de mourir à moitié. Aussi notre perception de nous-mêmes se réduit-elle à une abstraction qui ressemble en tout point au paradoxe du tas de sable.
Ce paradoxe s’énonce comme suit : émettons l’hypothèse que prélever un seul grain d’un tas de sable ne change rien à la nature de ce tas. Le résultat de cette opération demeure toujours un tas de sable. Le problème vient alors du fait que si nous poursuivons cette opération indéfiniment, nous finirons par nous retrouver avec un seul grain de sable ; et personne ne pense qu’un seul grain forme un tas de sable. L’hypothèse de départ n’est donc valable qu’en première approximation et nous devons en conclure qu’il n’est pas possible d’enlever un grain de sable sans que cette ponction ait aucune incidence réelle. Mais quand le tas a-t-il cessé d’être un tas ? Cette question ne recèle en fait aucun sens. Il n’y a aucun nombre permettant de définir le minimum de grains justifiant l’appellation de « tas », car il n’existe aucun consensus à ce sujet. La réponse dépend du contexte, de l’individu, de la perception, etc. Le concept de « tas de sable » n’est qu’une abstraction et, comme toutes les abstractions, elle a ses limites.
Nous pouvons facilement appliquer ce paradoxe à notre principe de continuité physique. Supposons tout d’abord cette continuité nécessaire pour ne pas mourir. Dans notre histoire, Pierre n° 539 se trouve en continuité physique parfaite avec lui-même, alors que Pierre n° 540 est réduit à l’état de clone, une pâle copie, un ersatz qui n’admet aucune continuité, puisque composé de matière totalement différente. Nous disposons donc de deux sujets aux extrémités du spectre de cette continuité. Imaginons maintenant une nouvelle expérience permettant d’explorer le milieu de ce spectre. Imaginons une machine capable de vous scanner, puis de remplacer certaines cellules de votre corps par des cellules strictement équivalentes. Remplacer l’intégralité de ces cellules revient à produire un clone de vous-même qui ne dispose d’aucune continuité physique. Peut-être pensez-vous que vous ne survivriez pas à cette opération. Mais que se passerait-il maintenant si seulement 0,1 % de vos cellules se voyaient remplacées ? Il est difficile d’imaginer que cette altération vous soit fatale. Nous ne parlons ici que de 80 grammes de matière, à peine un verre d’eau, même pas un bourrelet. Mais quand serait-il alors de 1 %, de 10 % ou de 50 % ? Comme pour le tas de sable, il est impossible d’établir un seuil délimitant une zone dans laquelle vous demeureriez vous-même et au-delà de laquelle votre identité serait balayée pour laisser sa place à une autre. Cette incapacité a pour effet d’invalider l’hypothèse de départ : la prolongation physique ne constitue pas un critère de démarcation valable pour statuer de la continuité d’un individu.
Aussi, si nous considérons que Pierre n° 539 meurt dans l’aventure au bénéfice de Pierre n° 540, alors nous nous retrouvons dans l’embarras. Cette conception signifierait qu’en remplaçant 50 % des cellules de Pierre n° 539, nous obtiendrions un Pierre n° 539,5 à moitié mort et pourtant parfaitement vivant. Hormis pour le chat de Schrödinger, cette considération n’a pas de sens et doit nous forcer à admettre qu’appuyer sur le bouton de téléportation ne comporte finalement aucun danger. Pierre n’est pas mort, vive Pierre.
Continuité psychologique
La continuité physique d’une personne ne constitue pas un critère valable pour s’assurer de la préservation de la nature de l’identité personnelle. Peut-être pourrions-nous tenter notre chance en nous tournant vers une autre caractéristique, telle la continuité psychologique ? Un tel critère revient à considérer que le sujet de la perception de la conscience est conservé si, à chaque instant, la mémoire et les aptitudes d’un individu découlent directement de cette mémoire et des aptitudes à l’instant précédent. Une personne est bien sûr un peu différente aujourd’hui de ce qu’elle était hier, mais les changements se sont opérés de manière continue, ou du moins par tous petits incréments. Est-ce là un moyen acceptable pour garantir la conservation de son identité ?
Il est cependant facile de montrer que ce critère ne recèle pas plus de validité que le précédent. La démonstration repose une fois de plus sur le paradoxe du tas de sable. Imaginons une opération à cerveau ouvert et en état de parfaite conscience — oui, je vois votre mine dégoûtée —. La machine employée par le chirurgien, dotée d’une extrême précision, peut reconfigurer toutes vos connexions neuronales une par une. Le but de l’opération a été parfaitement expliqué au sujet qui va la subir. Elle consiste à recâbler chaque neurone de son cerveau afin de le faire converger petit à petit vers la configuration neuronale d’une tierce personne qui a été préalablement scannée. Le chirurgien va identifier chaque neurone du sujet et les faire correspondre un à un avec les neurones de la cible. Ensuite, chaque neurone sera opéré afin de le reconnecter à ses voisins en respectant le câblage du neurone équivalent dans le cerveau cible. Par facilité, nous appellerons le sujet André et la personne en laquelle il va se métamorphoser Bernard.
L’opération se déroule progressivement et prend un certain temps. Dès lors, les aptitudes, les pensées, les souvenirs et toutes les caractéristiques comportementales d’André vont se modifier petit à petit et converger vers ceux d’une tout autre personne : Bernard. Conscient, le sujet disposera à tout moment d’un cerveau fonctionnel, il n’y a aucune raison qu’il se sente mourir durant cette intervention. Mais au fur et à mesure que les neurones d’André seront reconfigurés selon le schéma neuronal de Bernard, il oubliera la raison de sa présence, ainsi que ce qui a amené sa calotte crânienne à être déposée sur la table à côté. En effet, une fois cent pour-cent des neurones reconfigurés, André ne ressemblera pas à Bernard, il sera tout simplement Bernard, sans aucun des souvenirs d’André. Conceptuellement, c’est comme si le chirurgien pouvait faire varier un potentiomètre permettant de métamorphoser André en Bernard, ou inversement, en glissant un curseur vers la droite ou vers la gauche. Chaque position de curseur correspondrait à un hybride résultant d’un mélange parfait de l’un et de l’autre.
Il faut bien remarquer que cette métamorphose préserve la continuité psychologique entre tous les intermédiaires successifs menant de André à Bernard. Les neurones sont modifiés individuellement, l’un après l’autre, ce qui ne peut justifier de rompre un quelconque psyché. Se demander à quel moment André n’est plus André n’a alors aucun sens, car la continuité prend toutes les nuances de gris entre les alternatives que constituent les deux sujets.
Le problème à vouloir croire en l’ego cartésien ou à l’âme vient du fait que ces derniers, par définition, n’admettent aucune divisibilité. Ces concepts ne peuvent donc pas résister au paradoxe du tas de sable. L’histoire nous obligerait en effet à choisir à quel moment le patient basculerait d’un André ressemblant très fort à Bernard, à un Bernard ressemblant très fort à André. Mais il n’y a aucune réponse plausible à cette question.
La racine du paradoxe plonge dans notre besoin impérieux de coller des individualités aux objets et aux personnes que nous nous représentons. Mais tout comme un tas de sable dépouillé de l’un de ses grains n’est plus le même tas, ces individualités changent au cours du temps. Malgré tout, nous nous évertuons à prolonger l’identité que nous leur octroyons comme si, quelque part tout au fond, subsistait un principe immuable qui lui n’avait pas changé. Changer signifie pourtant que quelqu’un ou quelque chose devienne différent, et par conséquent, qu’il ne puisse plus s’identifier à lui-même. Strictement parlant, l’identité ne peut se concevoir que si une entité ne change pas. Dès lors qu’elle peut changer, cette identité disparaît pour laisser place à une autre. En première approximation, l’identité d’un tas de sable perdure au-delà du grain manquant pour la simple raison que nous projetons celle-ci sur ce qui ne change pas au cours du changement. Comme ce qu’il subsiste est de toute évidence toujours un tas de sable, nous avons tendance à penser qu’ôter un grain ne le dénature pas. Il en va de même pour un être humain qui, majoritairement, ne change pas trop d’un instant à l’autre. Nous pouvons ainsi nous persuader que son essence subsiste dans le changement et, par généralisations successives, à lui abstraire une identité propre perdurant dans le temps. Malheureusement pour André et Bernard, les abstractions sont et resteront toujours des approximations.
Dédoublement de pensée
L’expérience de téléportation contée plus haut peut encore être améliorée en imaginant que la personne scannée ne soit pas envoyée vers une, mais plutôt vers deux destinations à la fois. Aussi, une fois l’original détruit, deux réplicateurs s’activeraient simultanément en deux endroits différents du monde pour assembler deux copies toutes neuves. Une telle prouesse technologique pourrait se révéler très pratique pour accomplir un travail d’un côté, tout en partant en vacances de l’autre. Cela étant, nous pouvons nous demander ce qu’il nous arriverait en expérimentant une telle situation. Est-ce que nous nous apprêterions à vivre une pénible journée de labeur ou une chouette journée de détente ? Si nous réfutons l’ego cartésien, nous ne pouvons admettre aucune de ces réponses, mais plutôt quelque chose d’improbable à concevoir se situant à mi-chemin. L’original étant détruit, aucune copie ne dispose de plus de légitimité que l’autre et elles peuvent donc toutes deux revendiquer la primauté. Mais exister en deux endroits en même temps est en rupture totale avec notre instinct et nous ne pouvons nous empêcher de penser que nous nous trouverions soit en vacances, soit au travail. Aucune autre réponse ne peut satisfaire nos intuitions traditionnelles.
Notre expérience de la vie de tous les jours évolue tellement loin de ces expériences de pensée extrêmes qu’elle ne nous confronte jamais avec la grisaille que ces dernières soulèvent, les choses nous apparaissant chaque fois bien noires ou bien blanches. Chacun de nous est assimilé à une personne bien définie et disposant d’un cerveau parfaitement identifié. Nous n’admettons aucune forme de mélange ou de chevauchement possible. Dans son livre, Parfit introduit la notion de distance pour parler de la continuité psychologique. Même si cette métrique n’est pas clairement caractérisée, nous pouvons facilement imaginer que la personne que nous étions hier est très semblable à celle que nous sommes aujourd’hui, même si elles ne sont pas tout à fait identiques. Malgré cette petite différence, nous assimilons instinctivement ces deux personnes comme la même personne. Toutefois, sur le long terme, il nous faut bien reconnaître qu’un vieillard à la fin de sa vie se trouve bien loin de l’enfant qu’il était autrefois. Cette idée de chevauchement n’est donc pas si saugrenue que ça. Si nous acceptons qu’une personne aujourd’hui soit la même que celle qu’elle était hier, à cause de la très forte similarité entre les deux, nous pouvons voir cette similarité comme un chevauchement dans le temps. Dès lors, pourquoi ne pourrions-nous pas concevoir les deux clones d’un même individu comme les mêmes personnes se chevauchant dans l’espace ? Bien sûr, ces deux clones mèneront ensuite des vies totalement différentes, faisant en sorte que cette superposition devienne de plus en plus ténue et aboutisse en fin de compte à deux personnes parfaitement distinctes.
Les tenants de l’âme ou de l’ego cartésien proposeront quant à eux une réponse plus conventionnelle à cette expérience de double téléportation. Selon leur point de vue, la personne téléportée mourra purement et simplement dans l’aventure, pour laisser sa place à deux nouveaux individus. Ces deux personnes ne jouiront alors d’aucune continuité avec l’originale au niveau de leur moi intérieur. Pour ceux qui adoptent cette perspective — qui est tentante intuitivement, je l’admets —, je ne peux m’empêcher de vous présenter une autre expérience de pensée imaginée par Parfit. Celle-ci se base sur un fait scientifique un peu déconcertant, celui que nous pouvons survivre à l’ablation d’un demi-hémisphère cérébral.
Cette opération, l’hémisphérectomie, est effectuée en dernier recours pour traiter de graves cas d’épilepsie ou certains traumatismes crâniens très importants. Elle consiste à ôter ou désactiver un hémisphère cérébral, en déconnectant notamment l’hémisphère au niveau du corps calleux, zone par laquelle les deux hémisphères dialoguent ensemble. Il ne s’agit pas à proprement parler de l’ablation d’un demi-cerveau, mais seulement d’un demi-cortex. Le cerveau interne, lui, n’est pas composé de deux parties qui pourraient être séparées l’une de l’autre facilement. Au-delà du constat qu’une personne puisse survivre à une telle opération, le plus surprenant vient surtout du fait qu’il soit possible de s’en remettre avec finalement peu de séquelles. Si l’intervention est réalisée chez un jeune enfant, l’organisation cérébrale n’est pas encore figée et les différentes aptitudes cognitives se relocaliseront d’autant plus aisément dans l’hémisphère survivant. L’opération sur un adulte a plus d’impact, car elle lui fera perdre les aptitudes qui étaient logées dans l’hémisphère manquant. Le cerveau fait toutefois preuve d’une étonnante plasticité en parvenant tout de même à compenser partiellement la perte subie au bout de plusieurs années de rééducation.
Ce genre d’opération a permis d’approfondir la connaissance que nous avons sur le cerveau. En particulier, il est apparu que chaque hémisphère cérébral pouvait être le siège de sa propre conscience et que celles-ci s’unifiaient grâce à la communication bilatérale qui intervient au niveau du corps calleux. Les personnes chez qui cette voie de communication a été sectionnée, mais dont les deux hémisphères ont été préservés, ont alors indiscutablement manifesté des signes de double conscience. Dans cette situation, chacun des hémisphères cérébraux a la possibilité de réaliser des choix significativement différents de son jumeau, puisqu’il n’y a plus de mécanismes de synchronisation empêchant que surgissent des phénomènes de dissonance. Aussi, en posant des questions à ces personnes et en leur demandant de répondre en écrivant simultanément avec la main gauche et la main droite, les scientifiques se sont aperçus que les deux mains pouvaient donner des réponses différentes à la même question. Les études menées sur le cerveau ont montré que les deux hémisphères, bien que présentant une structure similaire, peuvent se spécialiser dans différentes capacités cognitives différentes. Par exemple, le traitement de la parole apparaît le plus souvent sur l’hémisphère gauche, dans l’aire de Broca. Cette optimisation cérébrale donne à chacun son propre style cognitif autonome et ceux-ci sont réunifiés en une apparence de conscience individuelle. L’image que j’en ai s’apparente à celle de deux bulles de savon accolées l’une à l’autre, et qui, en un instant, fusionnent en une parfaite et unique bulle.
Derek Parfit part de ces découvertes pour imaginer l’opération suivante. Supposons qu’il soit possible de découper, non pas seulement le cortex, mais bien tout le cerveau d’un individu en deux morceaux. Admettons également que ces demi-cerveaux puissent ensuite être replacés dans le corps de deux donneurs décédés : André et Bernard, qui ont décidément bon dos dans cette histoire. Si vous deviez subir cette opération, votre cerveau gauche étant transplanté dans le corps d’André, tandis que votre cerveau droit irait chez Bernard, où vous réveilleriez vous ? Auriez-vous la sensation de prolonger votre existence chez André ou bien chez Bernard ? Si vous entretenez une pensée rationaliste, cette expérience se trouve finalement équivalente sur le fond au problème de la double téléportation. Toutefois, si vous êtes partisan de l’ego cartésien, vous ne pouvez plus vous en tirer en estimant que l’individu initial décéderait durant l’intervention. Ce n’est clairement plus le cas ici. Ou alors, vous devriez en arriver à penser que toutes les personnes épileptiques qui ont subi avec succès une hémisphérectomie sont dans les faits décédées. En conséquence, il devient très difficile de répondre à cette question en soutenant le point de vue de la dualité de l’esprit.
De mon côté, je préfère encore une fois l’image des bulles. L’opération aurait pour but de les dissocier, mais elles navigueraient encore côte à côte, toujours liées par le fait qu’elles aient vécu en osmose pendant tellement d’années. Ensuite, le vent pourrait les séparer pour du bon.
Survivons-nous à notre sommeil ?
La question peut sembler grotesque et il est vrai qu’elle ne m’a jamais empêchée de dormir. Elle n’est pourtant pas si dénuée de sens que çà, car comme nous allons le voir, tomber endormi n’est pas si différent que d’appuyer sur le bouton rouge pour se téléporter. Rappelez-vous des expériences réalisées avec notre ami Nono. Lorsque nous nous étions interrogés sur la persistance de sa conscience, nous étions arrivés à la conclusion qu’éteindre puis rallumer Nono brisait sa continuité et que cette rupture revenait alors pour lui à mourir. Cette conclusion ne prenait réellement sens qu’en soutenant l’hypothèse de l’ego cartésien et donc de la notion indispensable de continuité qui l’accompagne. Nono est bien sûr un être fictif, nous ne pouvons pas l’assimiler à un être humain, mais y a-t-il tant de différences ?
En pressant le bouton d’arrêt de Nono, il s’éteint, laissant son cerveau dans le dernier état dans lequel il se trouvait. Cet arrêt a ainsi pour incidence de geler son esprit, figeant sur place toutes les représentations symboliques qui y sont logées. Regardons maintenant ce qu’il se passe dans un cerveau humain endormi. Il faut tout d’abord remarquer que posséder un cerveau correctement câblé n’est pas suffisant pour être conscient ou vivant. La conscience implique, en plus, une activité électrique très particulière, durant laquelle les différentes parties du cerveau traitent continuellement l’information, la propagent et la synchronisent au travers des différentes aires cérébrales. Disons pour simplifier qu’il faut une activité électrique de base (typiquement le rythme bêta en état de pleine conscience), modulée subtilement par une activité fine sous-tendant toutes les idées qui se bousculent dans votre tête. C’est cette dynamique, ainsi que toutes ses variations, qui constituent les conditions indispensables à l’émergence d’une conscience.
S’endormir n’est pas un processus rapide, mais plutôt une lente descente vers des niveaux de conscience de plus en plus bas. Le niveau des ondes bêta se situe dans la plage de 12-30 Hz. Le cerveau glissant vers le sommeil va lui ralentir son activité pour passer par le rythme alpha entre 8-12Hz, puis par le rythme thêta entre 4-8Hz et finalement par le rythme delta lors d’une phase de sommeil profond, en dessous de 4 Hz. Plonger en sommeil profond n’est pas identique à une perte totale de conscience, mais celle-ci se retrouve tout de même réduite à sa plus simple expression, totalement tournée vers l’intérieur d’elle-même et sans aucune notion du monde extérieur. Quand vous atteignez ce stade du sommeil, votre conscience, comme vous avez l’habitude de la vivre et de la définir, a complètement disparu. Ce contraste se remarque tout spécialement au réveil. Tout le monde a déjà connu l’expérience de matins particulièrement difficiles où l’on reprend lentement ses esprits sans savoir où l’on est, ou encore, mais plus rare, où l’on ne sait même plus qui l’on est. Plusieurs secondes sont parfois requises avant que le cerveau « redémarre » et remette toutes ses idées en place en rétablissant l’activité électrique nominale dans ses différentes aires cérébrales.
Dormir brise indiscutablement la continuité de la conscience. Je ne pense pourtant pas que quiconque craigne de disparaître en s’endormant le soir, pour qu’un autre lui-même s’incarne en lui le matin au réveil. Une telle idée paraît tout à fait inepte. Mais fondamentalement, vivre l’expérience de la téléportation n’est pas si différent. La conscience est mise en pause dans les deux situations, le temps de dormir dans un cas, le temps d’être téléporté dans l’autre. Si vous ne craignez pas de vous endormir, la logique et le rationalisme vous dictent que se téléporter constitue une expérience similaire. Il n’y aurait donc aucune inquiétude à avoir, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.
Mirage, trésor et arc-en-ciel
L’hypothèse de la continuité de soi bat de l’aile, qu’elle soit définie sur un critère physique ou psychologique. Elle touche en effet à la limite de ce que nous sommes, une abstraction qui ne peut prétendre à plus de réalité que la notion de « tas de sable ». Pour l’univers, il y a juste du sable, qu’importe le nombre de grains. La notion de « tas » est un concept qui a du sens pour nous en tant qu’humain, mais qui se révèle étranger au cosmos. Pour autant, je sais très bien que j’ai plus parlé de ce que la conscience n’était pas que de ce qu’elle était vraiment. Intuitivement, nous aimons penser que notre lumière intérieure s’identifie à quelque chose de solide et concret, tel un précieux trésor. Cette intuition, réellement nécessaire, permet de vivre rationnellement et en adéquation avec tous les autres concepts dont nous usons. Mais cette intuition ne résiste pas à la pression extrême de certaines expériences de pensée qui bouleversent cette idée jusqu’à la faire imploser. Notre perception de nous-mêmes n’est pas un solide trésor, mais plutôt un bel arc-en-ciel : une entité insaisissable et miroitante qui s’estompe et disparaît au plus nous cherchons à nous en approcher pour l’attraper.
Une fois retirés le libre arbitre, l’âme, l’ego cartésien, ou encore tout critère de continuité nous donnant l’illusion de traverser le temps, que reste-t-il de nous ? Un mirage, un fantastique mirage bâti sur de formidables structures en boucles de traitement de l’information, et cherchant à comprendre l’essence du monde pour assurer sa survie. Ces illusions ont besoin de catégoriser les choses afin d’extraire des motifs abstraits et récurrents de l’univers. Aussi dressent-elles des frontières tout aussi abstraites autour de l’information qui leur est rapportée par les sens. Elles sont bâties au-dessus du niveau auquel la perception travaille, c’est-à-dire très loin du bouillonnement dans lequel la réalité de l’univers s’agite. La sensation du « je » en est la cristallisation par excellence et masque toute la complexité de ce que nous sommes derrière un concept simple et causal.
Cela ne veut pas dire que nos idées, nos pensées, nos désirs ou nos peines sont des illusions. Elles sont imprimées aussi solidement dans nos cerveaux que l’empreinte de nos pas dans la neige. Tout ce ressenti, extrêmement concret, guide notre volonté avec assurance au travers des méandres et des difficultés de l’existence. Ce qui est une illusion, c’est la perception inébranlable d’être quelque chose de plus résistant au passage du temps. Quelque chose d’unique et d’inaltérable qui n’a pas changé durant toute notre métamorphose de jeune enfant à adulte vieillissant, et qui perdurera, qu’importe le nombre de copies qu’une machine infernale puisse faire de nous. Mais une analyse plus fine nous laisse finalement à penser que, tel Nono, nous ressemblons plutôt à une collection d’instantanés. Nous sommes là, à un instant donné, avec nos pensées et notre volonté ; et ces pensées et volontés nous donnent ce sentiment puissant d’être rattachés aux images du passé, tout en nous voyant propulsés vers celles du futur. Nous avons la sensation trompeuse d’être quelque chose de plus qui traverse cette enfilade de clichés constituant le film de notre vie. Mais tout comme pour un film, ce ne sont que des images fixes qui existent indépendamment de tout observateur. Il n’y a rien qui passe à travers. Cette illusion naît de la forte capacité d’autoréférence de chaque image, les conduisant à être chacune leur propre spectateur. Comprendre l’origine de ce trompe-l’œil, c’est résoudre d’un coup pratiquement tous les paradoxes liés à notre moi intérieur, car c’est se rendre compte que ce « moi » n’est pas unique. Il en existe autant que de tranches de temps qu’il est possible de compter depuis notre propre naissance. Mais cette compréhension demande aussi de se faire violence, étant donné qu’elle est profondément opposée à l’intuition que nous en avons.
Aussi cohérent que me semble ce raisonnement sur le plan intellectuel, intuitivement, je ne pense pas être capable d’appuyer sur ce bouton rouge si j’étais un jour confronté au fameux téléporteur. Il y a quelque chose de viscéral là-dedans. Ces idées sont tout simplement opposées à l’intuition, intuition bâtie sur des millions d’années d’évolution.
Ce texte de Jean-Sébastien Gonsette est publié sous la license CC BY-NC-ND 4.0
[18]: Je recommande vivement la lecture du livre « Je suis une boucle étrange » qui se consacre entièrement à mettre le doigt sur ce fameux et insaisissable « je ».
[19]: Ces idées ont entre autres été largement développées dans le livre « Reasons and Persons » du philosophe Derek Parfit. Ce dernier pousse très loin l’analyse de l’identité personnelle, entre autres sujets. L’identité personnelle y est définie comme la perception de soi, l’existence indivisible et continue de ce quelque chose que l’on nomme « je ».